26/04/2015
Une nuit trop douce pour mourir, de Maurice Gouiran
Une chronique de Cassiopée.
Ce n’est pas la première fois que je lis Maurice Gouiran et que je rencontre Clovis et je les retrouve avec plaisir tant l’un et l’autre m’étonnent et savent se renouveler tout en restant crédibles.
Clovis, il habite dans la garrigue, au milieu de chèvres mais il descend à Marseille au Beau Bar où il a, presque, son quartier général. Il n’arrive pas à garder une femme, mais il aime bien fréquenter les petites jeunes qui s’offrent à lui….Disons que c’est un homme qui aime profiter de la vie que ce soit pour une bière fraîche ou une jolie paire de seins….Clovis, avant de s’employer à être chevrier, était journaliste. Il furetait, avait ses entrées partout, des « antennes » invisibles qui lui permettaient de « sentir » les choses, d’extrapoler …. Alors, il n’est pas rare que la « flicaille» fasse appel à lui, mais en toute discrétion, « pas vu, pas pris et s’il t’arrive des bricoles, on ne te connaît pas… »
Il se passe quelque chose de bizarre là bas dans le midi sur la Canebière. Des femmes, bien sous tout rapport, sont sauvagement assassinées à la façon de Jack l’Éventreur. Qui et pourquoi ? Quels liens mystérieux peut relier ces dames et pour quelles raisons les faire taire ? Le tueur, s’il copie le célèbre londonien, va-t-il tuer le même nombre de femmes ? Comment protéger celles qui sont encore en vie et qui risquent d’être visées ? Comment les trouver et savoir de qui il s’agit ?
Clovis a un copain sympathique, qui l’emmène faire un tour en bateau avec deux belles poulettes, pardon deux nouvelles stagiaires policières dont l’une, ben ma foi, ça se passe pas mal entre notre homme et elle…. Je ne rentrerai pas dans les détails même si l’auteur en donne quelques uns, histoire, sans doute, d’alléger le sordide des situations décrites à côté. Petits échanges de services entre bons camarades (elle est plus jeune que lui, terriblement séduisante et volontaire …) et le voilà qui ouvre l’œil, cherche, se renseigne, étudie les documents, dans l’ombre, pour que l’apprenti e marque des points auprès du commissaire Arnal, un misogyne de première main….
Parallèlement à l’enquête sur le tueur de femmes, une autre recherche est mise en place pour comprendre un début d’hécatombe chez les « petites frappes » du coin. Là c’est l’ex de Clovis qui en est chargée et en souvenir du bon vieux temps, elle lui demande de l’aide….
Le voici embarqué dans deux quêtes conjointes. Il doit faire attention à ce qu’il apprend et ce qu’il répète à l’une ou à l’autre. Nous, nous découvrons Jack l’éventreur et son mode de fonctionnement que Clovis a bien étudié et qu’il transmet à la jeune enquêteuse dans le but de comprendre celui qui agit ici et maintenant, et surtout pour le contrecarrer si cela est possible. Et nous observons, petit à petit, l’étau qui se resserre pour mettre en place, dans les dernières pages, le dénouement.
L’écriture est spontanée, fluide, les personnages plus vrais que nature avec leurs qualités et leurs défauts. Clovis, qui semble avancer au gré des pages à son rythme, détaché de tout, n’en est pas moins opiniâtre. De plus, il a une approche intéressante des documents et éléments qu’il a sous la main et ses raisonnements sont bien pensés.
Une fois encore, l’auteur, l’air de rien, aborde un sujet grave, sans juger, sans s’étendre mais comme lui, on s’interroge…. L’argent peut-il tout acheter ? La force de Gouiran est là : parler de choses importantes dans une ambiance ensoleillée, un brin gouailleuse et légèrement portée sur la bagatelle….
Une nuit trop douce pour mourir
Auteur : Maurice Gouiran
Éditions : Jigal (Février 2015)
Collection Polar
248 pages
ISBN : 979-10-92016-33-8
Quatrième de couverture
À Marseille, l’été n’en finit jamais. Mais la douceur des nuits phocéennes habituellement ponctuées par les traditionnels règlements de comptes à la kalach’ est brutalement perturbée par un mystérieux tueur qui s’attaque sauvagement aux jeunes bourgeoises des quartiers Sud. Curieusement, le modus operandi de ces meurtres ressemble étrangement à celui de Jack l’Éventreur… Clovis, en mission officieuse, décide alors de quitter son havre de paix et ses collines pour tenter, entre deux frivolités, d’y voir plus clair. La tension monte, la ville a peur jusqu’à ce que l’on découvre que les malheureuses s’étaient toutes rendues en Ukraine quelques mois plus tôt. Drôle de destination pour des vacances…
14:49 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : une nuit trop douce pour mourrir, maurice gouiran, jigal | Facebook | |